Adventure Côte-Basque Paramoteur

Transpyrénéenne 2022

Adventure Côte-Basque Paramoteur Toutes les actualités evenement Transpyrénéenne 2022 Publié le 24 Novembre 2022

Transpyrénéenne 2022

Aujourd'hui, alors que l'on ne s'émerveille plus devant le lancement d'un satellite aux confins de l'Univers ou des milliers d'avions qui traversent notre belle planète, il existe encore un engin volant qui suscite l'envie et offre la possibilité de relier les hommes.

 

Comme à l'époque de l'Aéropostale, le paramoteur nous permet de retrouver l'origine et l'essence même de l'aviation.

 

                Dès la création de mon école en 2006, nous avons décidé avec les premiers élèves de créer un club (EUSKALPARAVOUM, nous sommes du Pays Basque...)  pour fédérer les élèves et les pilotes pour leur donner l'envie d'aller plus loin. En effet, faire des tours de piste peut lasser à terme.

Nous sommes déjà partis à l'étranger. Survoler le Sahara, l'Andalousie, l'Ouest américain, le Sénégal, le Congo a été une expérience extraordinaire.

Ces épopées nous ont permis de découvrir ces paysages magnifiques avec une autre perceptives, de s'immerger dans d'autres cultures, de rencontrer de belles personnes. Mais n'oublions pas que nous pouvons sur notre territoire avoir les mêmes sensations et faire des découvertes exceptionnelles.

La France, nous offre aussi une belle diversité et ces deux dernières années de pandémie ont servi aux pilotes comme aux "terriens" de s'en rendre compte.

                Depuis la fin du confinement, nous avions comme une soif d'évasion, Patrick et Christophe, des pilotes du club brevetés depuis à peine 2 ans ont eu l'idée de partir en bivouac en paramoteur en autonomie complète pour quelques nuits dans le Pays Basque. La belle affaire sur le papier!

Et les voilà partis dans une préparation très sérieuse.

Ils ont testé le décollage avec 18Kg en ventral, (toile de tente light et le minimum vital), et ils ont réussi, mais...pour une nuit. Alors ils ont allégé au maximum le paquetage et fait quelques autres bivouacs allant de sommet en sommet et avant de revenir à la base de St Pée.

J'avais l'idée depuis des années de tenter cette Transpyrénéenne. Je n'ai pas eu besoin de motiver mes deux camarades, ils ont été emballés ayant la même vision que moi du paramoteur. Il ne nous restait plus qu'à convaincre les autres pilotes du club.

 

Pour reprendre la célèbre phrase de l'Aéropostale :

"J'ai refait tous mes calculs...

Notre idée est irréalisable !

Il ne nous reste qu'une chose à faire; la réaliser ! "

 

                Mais partir à l'aventure ne veut pas dire être inconscient, tous les aventuriers vous le diront. Ce n'est certes pas la traversée de l'Antarctique à pieds, ni même la Transatlantique, mais en pilotes sérieux que nous devons tous être, il faut un minimum de préparation.

Pour cette première, beaucoup, étaient partant sur l'idée et comme souvent, la date étant fixée, il y a eu quelques désistement. Il est vrai que caler une date qui conviennent à tous n'est pas simple. La première question était effectivement "quelle date?".

Nous savons tous que la météo est un paramètre à étudier sérieusement.

Aussi, la période de fin septembre ou tout début octobre nous semblaient favorable; moins de thermiques permettant de voler toute la journée, probablement une belle arrière saison, bien que le changement climatique ne nous garantisse plus rien, restait l'incertitude du vent d'Autan en arrivant sur la Méditerranée...Alors, nous nous sommes retrouvé pour cette première tentative à 4 pilotes, Christophe, Patrick, Martin et moi et tous les encouragements de nos autres camarades du club, "l'an prochain, on vient avec vous..."

Comme dans toute équipe qui s'apprécie et se respecte, chacun y est allé de ses idées.

Devions nous "tracer" tout droit en longeant au maximum les Pyrénéens ou aller de base en base ULM? La première hypothèse pour être dans les "clous", nous auraient obligés à chercher des terrains à l'aveugle, puis de contacter les mairies alentour, les propriétaires de champs où nous pourrions nous poser, pour avoir leurs accords.

 La liberté d'action du paramoteur ne nous autorise pas à faire n'importe quoi et de se poser sans respecter la réglementation. Nous en avons tous conscience et si nous voulons que le paramoteur reste ainsi et procure autant de liberté, si nous voulons continuer notre belle activité, nous devons respecter ces règles.

La deuxième solution, se poser sur les autres bases de notre parcours, car il nous semblait intéressant de pouvoir rencontrer d'autres pilotes qui seraient curieux et motivés, échanger avec des passionnés est celle que nous avons choisie.

Autre question importante, la logistique, en bons baroudeurs que nous sommes tous les quatre, pas questions de dormir dans des hôtels ou autres logements. Le campement nous semblait une évidence.

Mais partir pour plusieurs jours avec le nécessaire accroché en ventral, pas raisonnable physiquement et compliqué pour la nourriture et le carburant, même en amenant des flacons d'huile moteur. Il nous fallait donc un chauffeur, si possible un "terrien" bien les pieds sur terre qui ne serait pas frustré de nous voir voler, alors le hasard faisant bien les choses, nous avons rencontré Robert, qui de plus, adore faire la cuisine et était enchanté de vivre cette aventure avec nous.

Robert nous a donc suivi avec mon véhicule et une remorque remplie de tout le nécessaire; campement, bidons d'essence, pièces d'étachées et grand luxe, j'avais amener une machine de rechange.

 

                Le vendredi 07 octobre à 8H, nous avons donc décollé, Christophe avec son PLUMA EOLE Mg Embrayage et sa CROSS FIRE 19, Patrick avec son PLUMA  EOLE V1 et sa SMART 24, Martin avec son PLUMA EOLE V1 et sa SMART 21 et moi avec mon PLUMA MOSTER 185 Dual Starter et ma CROSSFIRE 21,5. L'idée était d'arriver le lundi matin à Perpignan et de repartir en voiture l'après-midi.

La première étape vers Aramits a été la plus longue, 2h de vol. Sitôt le décollage, proche du relief, nous avons pris l'option de descendre suffisamment bas pour éviter du vent du Sud annoncé et les rabattants. Déjà le vol était magique avec un léger brouillard au fond des vallées de Bidaray et sitôt passé le relief et au dessus des plaines proches de St Jean Pied de Port, le vent nous a été favorable. Pour essayer de se caler tous sur la même vitesse, Christophe et moi avions laisser le barreau de nos CROSSFIRE et trimé au fond, nous étions à peu près tous à la même vitesse.

 

                L'arrivée à Aramits se fit sans problème avec un ciel bleu et une légère brise. Le propriétaire nous avait prévenu de son absence, il nous avait laisser comme consigne de remplir le registre de pilotes de passage.

                Après un avitaillement, décollage pour Luquet où nous attendait Fabrice, un ancien élève et ses camarades. Accueil chaleureux et convivial et nous avons pu "enfin" nous restaurer. Puis décollage pour Vic en Bigorre où nous avions décidé de passer la nuit.

Ravi de notre passage, deux pilotes de Luquets nous ont accompagnés pour le début de cette nouvelle étape.

                L'arrivée sur Vic en Bigorre se fit à la fin de journée et le soleil a accepté de rester un peu pour nous permettre de monter notre campement...Jacques un pilote du club de Saint Pée sur Nivelle nous a rejoint en camping-car pour partager ce moment avec nous. La chaleur de notre hôte nous a ravis: "Vous avez la douche, les sanitaires et pouvez recharger vos appareils".

La soirée à la lampe à pétrole nous a permis de nous remémorer cette première journée et refaire le Monde. Mais demain sera un autre jour, le sommeil étant précieux, nous n'avons pas tarder à rejoindre Morphée. La météo du samedi matin annonçait du brouillard, mais le ciel une fois de plus était avec nous, il était couvert certes, mais le plafond était suffisamment haut pour envisager l'étape suivante. Avant chaque décollage, nous confirmions évidemment notre arrivée aux gestionnaires des terrains. Mais quel ne fut pas notre surprise d'apprendre qu'il y avait quelques problèmes "administratifs" sur la base suivante, sentant notre hôte un peu "ennuyé". Nous savons nous adapter ! aussi nous avons décidé de modifier l'étape. Savoir improviser doit faire parti d'un raid...

                Après un rapide, mais sérieux calcul, rejoindre directement Le Fousseret nous sembla réalisable. Bien que le plafond soit parfois juste pour passer le relief entre Péguilhan et Salerm, le vol était agréable avec un ciel gris me rappelant mes lectures de St Exupéry décrivant des vols vers l'inconnu.  De plus, un vent arrière nous permettait d'économiser le carburant. L'arrivée au Fousseret se fit sous le soleil. L'attente fût longue avant l'arrivée de Robert...Au départ de Vic en Bigorre, mon 4x4 ne voulait plus rien savoir, problème de batterie. J'avais eu plusieurs alertes, le problème s'est confirmé et j'ai dû foncer au garage le plus proche acheter une nouvelle batterie. Et oui, cela fait aussi partie de l'aventure, et on s'adapte !

                Nouveau départ avec un décollage du Fousseret, compliqué où nous avons tous eu l'impression de courir, courir, courir avant de décoller, le vent qui était passé nord et derrière la colline, nous amenait quelques rabattants et n'arrêtait pas de changer de sens. Nous nous étions fixés comme challenge de dormir à Limoux, il ne fallait pas trainer...Parti vers 16h du Fousseret, nous avons rencontré sur le parcours de magnifiques Cumulus Congectus que nous avons pu contourner. L'accueil au lieu-dit Le Serrat fut des plus extraordinaires. Le propriétaire, âgé de 78 ans me raconte qu'alors qu'il volait en pendulaire depuis 10 ans, mais qu'il a arrêté depuis 3 ans, suite à une tempête qui a tout emporté, hangar et machine, sans assurance, il a donc renoncé aux vols. Devant sa maison en plein champ, il s'était fait une piste de quelques mètres de large et de 200 m de long. En présence de sa femme et son fils, ils nous ont chaleureusement offert un café et des rafraichissements. Mais la chaleur de nos hôtes ne devait pas nous faire oublier le challenge, dormir à Limoux ce soir.

                Après des décollages "à l'arrache", nous voilà partis pour cette dernière étape avant l'arrivée de la nuit avec un survol de paysages, qui déjà sentaient bon la garrigue, le thym et le romarin et quelques survols de demeures historiques comme le château de MONTHAUT.

 L'arrivée à Limoux se fit en patrouille, tous caler à la même vitesse, j'aurai voulu voir cela du sol et juste à la tombée de la nuit.

                Cette arrivée m'a rappelé un passage dans Saint-Exupéry dans Vol de nuit :"Pourtant la nuit montait, pareille à une fumée sombre, et déjà comblait les vallées. On ne distinguait plus les pleines. Déjà pourtant s'éclairaient les villages, et leurs constellations se répondaient."

Un petit contre temps avec celui qui devait être notre hôte, qui nous annonce, que nous ne pourrons pas camper sur le terrain.

Alors à l'humanité, nous décidons de le remercier pour son accueil et de chercher une terrain "sauvage" pour camper. Après un bon restaurant en ville, et quelques kilomètres à l'extérieur de la ville, nous trouvons au bord d'une petite route, une rivière et un peu d'herbe pour camper.

Après une installation à la lampe torche et une bonne nuit de sommeil, nous découvrons que nous étions à côté d'une décharge sauvage...Sans l'incivilité et le non-respect de la nature que cela représente, nous aurions pu en rire.  Christophe, baroudeur dans l'âme avait dormi accroché dans son hamac au bord de la rivière juste au dessus de machines à laver et autre imprimante balancées là...

                Le brouillard était au rendez vous, après une analyse météo, ce que nous avions redouté était bien là. Le vent d'Autan arrivait à 10h de 30 /40 km/h rendant impossible l'arrivée à Perpignan. Faire 60km avec ce vent de face n'étant pas envisageable. La dernière étape n'étant pas envisageable en vol, on décidons de modifier notre terrain d'arrivée et choisissons une base au pied des montagnes à quelques encablures de la côté. Après quelques chemins chaotiques  en 4 X 4 dans la garigue, nous arrivons sur la base de Canterrane. Le responsable de la base, nous avait prévenu par téléphone que nous pouvions camper sans problème près du terrain sur le parking en herbe. Après un bon déjeuner et une bonne sieste, nous faisons connaissance avec les propriétaires du gîte et du terrain, qui nous ont, là encore, accueilli merveilleusement. Une bonne adresse pour venir se ressourcer au calme ou en groupe pour voler ou randonner. La journée c'est fini par un vol en direction de la Côte et les alentours. Christophe habitué à son hamac a tenu la compagnie toute la nuit à une horde de sanglier...Je ne voulais pas finir ce raid sans survoler Collioure, celle jolie ville typique et mes camarades m'ont fait ce plaisir. Alors que nous étions sous le soleil, nous remarquons à la pointe du Cap Béar, un ciel chargé et malheureusement à 1 kilomètre à peine de Collioure, nous devons faire demi tour pris par la pluie. Nous avons juste le temps de voir au loin la Citadelle Vauban lieu d'entrainement des Commandos Marine, le phare emblématique de Collioure et le Fort de l'Elme. Après un survol d'Argelès sur mer, retour à la base.

 

                Toute bonne chose ayant une fin, nous nous sommes promis de revenir avec les autres pilotes du club ou d'ailleurs. Ce type de raid a demandé un minimum de préparation, une implication physique et mentale, mais il a été récompensé par de beaux paysages et de belles rencontres.

 

Total du trajet en 2 jours et demi, soit 416 Km en 10 H50

 

Témoignage de Christophe

 

                "Cela faisait quelques mois que l'idée de longer les Pyrénées d'Ouest en Est en paramoteur trottait agréablement dans ma tête, une idée inspirée d'un ami paramotoriste. La petite aventure a pris forme alors que nous échangions nos avis sur des propositions d'itinéraires.

                L'idée était d'aller à la rencontre des "volants", de ceux qui partageaient comme nous le plaisir du vol simple. Le vol distance en paramoteur, à plusieurs centaines de kilomètres de sa base, c'est un peu l'aventure à deux pas de chez soi, une aventure qui ressemble fort à ce que connaissaient nos grands aînés, ces pionniers de l'aviation : la vulnérabilité aux conditions météorologiques qui inspire l'humilité ; l'inconfort des vibrations du moteur, du vent et du froid qui nécessite de l'endurance ; l'hostilité, toute relative, des espaces survolés qui rend tout bruit mécanique atrocement suspect ; la navigation parfois incertaine qui inspire la joie quand le terrain de destination est en vue. C'est à tout cela que je pense quand, aligné sur notre terrain de départ aux côtés de mes amis pilotes, mes premiers tours d'hélices soufflent doucement le bord d'attaque de mon aile. Après tous ces jours de préparation, quel trac je ressens alors ! On annonce des turbulences un peu plus loin, générées par un fort vent traversier soufflant sur le relief.

Il ne s'agit pas d'une aventure solo et nous sommes déterminés à la vivre ensemble, quelles que soient les difficultés. Thierry et Patrick décollent en premiers et s'éloignent ensemble. La première étape est assez longue et nous avons décidé de limiter l'attente en vol pour des raisons d'autonomie. Comme Martin et moi avons des voiles plus rapides, nous avons prévu de décoller sur la seconde vague.

Malheureusement, une cose du relais du moteur de Martin s'était débranchée la veille au soir, après un atterrissage un peu raide. Ne trouvant pas la panne immédiatement, Martin décide d'embarquer dans la voiture d'assistance pour tenter de réparer à la prochaine étape.

                Je décolle seul. Après une heure de vol, j'aperçois au loin Thierry et Patrick. Ils ont traversé la zone de turbulences. Quelle joie de les rassembler alors que nous arrivons en vue de notre première escale.

                Sur la suivante, c'est l'inquiétude qui domine. Alors que nous volons en patrouille, la voile de Martin fait une fermeture juste devant moi. Il chute de plusieurs dizaines de mètres avant de retrouver le contrôle. Alors que le silence s'éternise sur la fréquence, je lui demande si ça

  1. A travers sa réponse, je ressens son inquiétude qui va le pousser à se poser un peu plus loin dans un champ. Je l'accompagne au sol, rassuré qu'il soit sain et sauf. Au Luquet, nous retrouvons cette fraternité entre pilotes et certains paramotoristes nous escortent en vol. Le ciel se remplit de voiles pendant quelques instants, nous guidant un peu plus au Nord-Est vers Vic en Bigorre où nous serons une nouvelle fois chaleureusement

accueillis.

                Le jour suivant, une nouvelle menace plane sur notre raid, car un terrain d'escale ne peut plus nous accueillir. Il faut replanifier la navigation et vaincre nos doutes sur la météorologie qui annonce de la pluie sur notre trajet, tout cela le plus rapidement possible pour tenir notre

objectif final. Je décolle ce matin à la suite de mes amis, plein d'incertitudes, dans un air frais, humide et menaçant. L'atterrissage sur notre terrain de destination a ce jour-là tous les accents d'une victoire sur les éléments et l'adversité. Dans ce raid vers la Méditerranée, la fatigue physique a vite commencé à se faire sentir, diminuant notre endurance et la qualité de nos décollages et atterrissages. Je réalise que notre motivation a tendance à minimiser le risque bien réel de casse et de blessure. On s'entraide, on s'encourage mais on se fixe des limites, car l'aventure doit durer. L'arrivée à Limoux, magnifique dans le soleil couchant, éveille pourtant en moi une alarme : nous survolons depuis plusieurs kilomètres des vignes et des forêts à perte de vue. Je réalise que la fatigue et la beauté du paysage ont endormi ma vigilance, car qu'arriverait-il en

cas de panne moteur ? Après un coup d'œil à un magnifique château, je reprends de la hauteur et me concentre sur notre arrivée.

Le dernier jour, le vol à proximité d'Argelès sur mer au-dessus de la Méditerranée est un peu surréaliste : nous ne sommes parti que depuis 3 jours mais nous avons la sensation qu'une semaine s'est écoulée depuis nos premiers tours d'hélices tant les évènements et les rencontres se sont succédés.

Mais qu'aurait été notre raid sans l'attention, les encouragements, le soutien et la bonne humeur de Robert qui nous régalait le soir de ses plats simples et délicieux, en réalité de véritables festins pour nous tous. Par sa simplicité et ses accents d'aventure, le paramoteur est sans doute la pratique du vol qui se prête le plus à ces moments d’adversités, de convivialité, d'amitié et de partages fraternels chers à tous les aviateurs à travers l’histoire."

Événement prévu le 07 Octobre 2022